*01/06/2025
Avec la sortie récente du capteur monochrome IMX585, désormais proposé par plusieurs fabricants (ZWO, Player One, Altaïr, etc.), les performances en spectroscopie amateur connaissent un bond notable dans le proche ultraviolet et le proche infrarouge. Ce capteur offre une sensibilité remarquable, ouvrant la voie à de nouvelles expérimentations. J’ai eu envie de tenter l’observation de spectres de réflectance d’astéroïdes brillants en utilisant un petit télescope Newton de 150 mm associé au spectrographe Star’Ex BR. Des travaux similaires avaient déjà été réalisés avec succès en 2023 par Valérie Desnoux et Christian Buil au T60 du Pic du Midi (voir ici).
Pour les observations, un spectrographe Star’Ex basse résolution muni d’un réseau de 300 traits/mm blazé dans le visible a été utilisé. Bien que le Star’Ex soit non optimisé pour l’infrarouge j’ai voulu tenter d’explorer cette gamme de longueurs d’onde. J’ai juste ajouté un filtre IR pass (650 nm) en guise de filtre d’ordre. L’ensemble était monté sur un Newton Skywatcher 150PDS (150/750) et une monture harmonique ZWO AM5.
L’étoile Eta Uma, dont le spectre de référence est disponible dans la base CALSPEC, a servi pour l’étalonnage spectral et pour la réponse instrumentale. Un flat à été soigneusement réalisé sur table avec une lampe halogène (4700 K).
Les acquisitions ont ensuite été réalisées sur l’astéroïde (4) Vesta, une étoile analogue solaire HD126053 (V=6.3 - G1V), puis sur (3) Juno, à des hauteurs similaires dans le ciel pour limiter les effets atmosphériques. Le spectre de réflectance a été obtenu par division du spectre de chaque astéroïde par celui de l’étoile solaire de référence.
Les résultats sont intéressants ! Le capteur CMOS IMX585 s’est montré très sensible, générant un flux exploitable malgré les limitations optiques du spectrographe. La résolution spectrale varie cependant fortement selon la longueur d’onde, dégradant les raies aux extrémités du spectre. Malgré cela, la comparaison avec des spectres de référence (via le service M4AST) reste satisfaisante : Vesta présente une absorption caractéristique en "V" autour de 1 micron (due à des pyroxènes), typique des objets de type spectral V, tandis que Juno montre un spectre plus plat, en accord avec un type S. Le bruit reste cependant important au-delà de 900 nm, notamment pour Juno. La météo a en effet limité le nombre de pose sur cet objet de magnitude 10.26.
Tout cela me donne envie d’acheter un kit optique optimisé pour l’infrarouge pour mon Star’Ex, et de refaire des observations plus propres sur d’autres types d’astéroïdes, avec des temps de pose plus longs sur chaque objet afin d’améliorer le rapport signal/bruit et la qualité des spectres de réflectance. 🙂